Vendredi 13 mars 1925.

Débarquant de Little Italy et de Pilsen, plusieurs groupes parcouraient les rues de Bronzeville à la recherche de victimes. Chaque pierre trouvée terminait dans une vitrine. Chaque habitant du quartier qu'ils croisaient faisait une nouvelle victime.

Ces groupuscules en colère, ils parlaient italiens, russe, polonais, tchèque... Ils étaient venu venger les leurs qui avaient perdu la vie le matin même, et ils n'avaient pas perdu de temps.

Finalement, tous se rassemblèrent devant le modeste restaurant, la cantine qui avait toujours fait battre le cœur de Bronzeville, devant Chez Tantine. Ils demandaient justice, ils demandaient à rentrer, mais une autre foule, sur la défensive, leur bloquait le passage.
Le mot avait vite circulé parmi les habitants du quartier, de l'incident au nord de la ville, des rumeurs qui courraient sur leur culpabilité. Et parce qu'ils avaient l'habitude, parce que ce n'était ni la première ni la dernière fois que cela arriverait, les afro-américains de Chicago se préparèrent à des représailles.

Alors, ils formaient une chaine, un bloc pour empêcher que la foule en colère ne rentre dans leur sanctuaire, Chez Tantine.
La tension était présente, lourde, silencieuse. Qui passerait à l'action le premier ?