Le crépitement de l'eau sur la faillance recouvrait presque la voix crachotante qui sortait du poste de radio. Un peu de jazz, beaucoup de bêtises et quelques nouvelles. Mes yeux fatigués, déjà, scrutaient leur reflet dans la glace. Un geste de baguette et mes cheveux mouillés avaient séchés. A huit heures trente, j'étais debout depuis deux bonnes heures et sortait tout juste de la douche après-sport.

La tour effondrée.

Des morts. Italiens et slaves. Vingt-et-un et seize, trente-sept. Sept et huit, quinze. Près d'une moitié de sorciers. Déjà, je réfléchissais aux investigations qu'il allait falloir mener. C'était le bon moment pour supprimer une famille rivale. Il allait falloir vérifier les liens entre les pertes et les blessés, trouver l'origine de la faille pour éviter de se retrouver avec un tel drame, éviter l'échauffement des esprits. Evidemment, Bronzeville serait la prochaine cible. Ils faisaient un beau bouc émissaire. Personnellement, je n'y croyais pas vraiment. Par contre, je croyais tout à fait à l'intelligence de la pègre et leur capacité à saisir l'occasion au bond pour régler quelques comptes.

Il ne fallait pas les laisser croire que c'était possible. Leur âge d'or était révolu. Ils ne le savaient pas encore.

Je fermais les yeux. Les rouvrit. Et quelques secondes plus tard, en tenue de combat, j'étais au poste, comme les autres. En avance, comme les autres. Prêt à obéir aux ordres. Comme les autres.

Je ne me sentais pas la force d'aller à la tour, voir l'étendue des dégâts. Encore moins celle d'aller interroger les familles éplorées qui avaient perdu des proches. Je saurais, plus tard, lire les déposition. En attendant, je savais où je serais le plus utile. Je cherchais l'Irlandais du regard. J'y lu une confirmation. Et, sans mot dire, me rendit à mon poste. Devant chez Tantine. Où italiens et slaves -bien sûr- commençaient déjà à profiter de la tension pour créer de la violence.

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